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15 octobre 2022 - 9h - 19h30
Hôtel de ville du XXe, 5 Place de Gambetta 75020 Paris
Salle des fêtes
« La cruauté, le plaisir que procurent l’anéantissement et la souffrance d’autrui, le sentiment de satisfaction que nous procure notre supériorité physique sont soumis à un contrôle social sévère et ancré dans l’organisation étatique » - Norbert Elias.
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Les prisons secrètes échappent par principe à toute forme de régulation protectrice, et génèrent ce qu’en son temps le sociologue Norbert Elias a bien perçu : une violence hors-norme. En l’absence d’un État de droit et de solides traditions démocratiques, la cruauté, en effet, peut faire irruption dans les replis de la société civile, s’abattre sur celles et ceux qu’un régime, ou qu’un groupe s’arrogeant le pouvoir, stigmatise comme des « ennemis de l’intérieur ».
En contexte de conflit armé, de révolution, de guerre internationale ou civile, ou encore d’insécurité — autant de configurations que connaissent, dans notre contemporain, la plupart des pays du Moyen-Orient —, chaque groupe armé, ou presque, détient sa propre prison secrète. Là, une violence inouïe porte atteinte à l’intégrité physique et morale des victimes, souvent kidnappées à l’insu de leurs proches, puis torturées, parfois jusqu’à la mort. Celles qui réussissent à en réchapper peinent à faire entendre leur voix, à faire reconnaître leurs droits pour être indemnisées, ou tout simplement être reconnues comme victimes. L’humiliation permanente, le viol, les interrogatoires nocturnes, les simulations de noyade, la torture par suspension au plafond, les décharges électriques, les cellules bondées, les détenus collés les uns aux autres, sont autant de pratiques communes à ces lieux, où règne chez les bourreaux un sentiment de toute puissance, favorisé par le secret qui entoure leurs crimes et l’impunité.
L’objectif de cette Journée, qui est loin de prétendre l’exhaustivité des cas et des situations, est de s’affronter à un sujet entouré de silence, requérant une prise de conscience collective. Pour cela, d’anciens détenus, des écrivains, chercheurs, journalistes et défenseurs des droits viennent s’ouvrir de leur expérience, livrer le fruit de leur réflexion, partager leur savoir.